Ethereum, épisode 2 : Pourquoi l'ETH continue de chuter plus que les autres crypto-monnaies ?

Ethereum, épisode 2 : Pourquoi l'ETH continue de chuter plus que les autres crypto-monnaies ?

Alors que l'on pensait le jeudi noir de la semaine dernière être le fond, l'ETH continue de creuser et de s'enfoncer. Il y a quelques heures, il a touché son plus bas niveau depuis 1 an cette fois, atteignant 165€.

Le plus inquiétant n'est pas la chute : nous sommes dans un bear market, et on commence à être habitués. Non, ce qui inquiète pour l'ETH, c'est davantage le fait qu'il chute proportionnellement plus que les autres crypto-monnaies, le Bitcoin en tête de comparaison.

En effet, si on le compare au Bitcoin, on constate une chute de 40% en 30 jours et 52% en 60 jours, là où les altcoins comme XRP ou EOS n'ont pas autant chuté par rapport au Bitcoin.

Ce qui soulève un constat sans appel : l'ETH n'est pas en bonne santé. Mais pourquoi ?


À quel point est-ce la faute des ICOs ?

Nous vous en parlions au mois d'août : les ICOs ont leur part de responsabilité dans la chute du prix de l'ETH.

Fin 2017, l'ETH s'échangeait au prix de 1 150€, et certains investisseurs en tokens ERC20 affichaient des gains à x10 à x100 en fonction des ICOs (EOS, Ontology, ICON, Ziliqa par exemple). Les gains réalisés au pic du marché étaient démesurés.

Mais depuis quelques mois, le prix de l'ETH et des tokens ERC20 ne cesse de chuter, atteignant près de 95% de chute par rapport au dollar pour certains.

La majorité des analystes attribuent ce déclin à l'ensemble des projets qui ont levé des millions de dollars en ETH lors de leur ICO.

Voyant le prix de l'ETH diminuer au fil du temps et le marché entrer dans une phase de bear market, les leveurs de fonds ont commencé à vendre ce qu'il détenaient en ETH afin de sécuriser tout ou partie de leurs fonds. Les montants levés en 2017 ont été si énormes que l'impact ne s'est pas fait attendre sur le marché.


À ce sujet, le créateur d'
Augur, Joey Krug, s'est exprimé et a tenté de donner une explication. Pour rappel, Augur est un token ERC20 qui a effectué une ICO en été 2015, bien avant la folie de ces dernières. Augur a ensuite vendu tous les tokens ETH de l'ICO au prix de 0.7$, ce qui avait à l'époque été l'objet de nombreuses critiques.

Krug a expliqué qu'Augur avait vendu tous les ETH levés lors de la vente de token immédiatement après l'ICO afin de financer le développement de leur projet, précisant qu'Augur n'était pas un fonds d'investissement, mais un projet actif, en cours développement, qui cherchait à créer un système décentralisé sophistiqué.

Aujourd'hui, Augur serait une "licorne" (une entreprise qui vaut plus d'1 milliard de dollars) si elle avait conservé ses ETH. Mais comme le précise Krug, le but d'une ICO n'est pas de spéculer, mais de financer un projet afin de trouver les ressources pour créer un produit.

Si aujourd'hui, les ICOs de 2017 sortent une partie de leurs fonds, il s'agit pour la plupart d'entre elles de construire le projet qu'elles ont annoncé.

Si le marché en est directement impacté sur le court terme, c'est pour lui donner davantage de valeur sur le long terme.

Notez qu'on parle ici des ICOs légitimes et non des scams.


Les déclarations de Vitalik Buterin

Récemment, Ethereum a fait l'objet d'un FUD immense, qui doit forcément profiter à un groupe d'individus.

Soit. Mais face à ce FUD, les déclarations du créateur d'Ethereum, Vitalik Buterin, ne participent pas à rassurer totalement la communauté.

Attaqué par un journaliste de TechCrunch sur la capacité d'Ethereum à scaler, Vitalik a reconnu que s'il restait au stade où il en est, le token ETH n'avait aucune valeur intrinsèque.

Soit. Mais il faut aussi retenir que derrière, une communauté de développeurs travaille déjà sur Casper, l'Ethereum 2.0. L'absence de date de livraison pour cette nouvelle version d'Ethereum n'est bonne qu'à propager un nouveau FUD, mais cela concerne peu Vitalik, qui préfère parler de la technologie que du cours de l'ETH.

La réalité est que Vitalik est un personnage à part qui se caractérise par sa lucidité et sa transparence les plus totales.


Au final, un comportement tout à fait normal

Qu'on se le dise : la croissance connue fin 2017 n'était pas saine, et allait forcément être contre balancée. Il faut être un novice pour ne pas le savoir.

Ce qu'il se passe aujourd'hui est tout à fait classique et normal : la bulle de valeur associée aux crypto-monnaies a explosé et se régule. Celle-ci était tout à fait spectaculaire, il faudra donc énormément de temps au marché pour s'en remettre.

Ce qui n'est pas normal en soit, c'est de considérer qu'une croissance de 5% par jour comme on a connu fin 2017/début 2018 est un comportement normal.

Ce qu'il reste, c'est la technologie et l'écosystème qui s'est mis en place autour de des crypto-monnaies, et particulièrement d'Ethereum, qui était l'attraction de cette période de fin d'année 2017.

Cet écosystème est la valeur réelle d'Ethereum aujourd'hui.

On revient dessus au travers des déclarations de Joseph Lubin.


Un vent d'espoir : l'ecosystème en place

Joseph Lubin, co-créateur d'Ethereum, s'est exprimé pour le journal Les Echos, et est revenu notamment sur l'évolution récente du cours des crypto-monnaies.

Pour lui, la baisse du cours n'est pas inquiétante. C'est un phénomène tout à fait classique dans le monde des crypto-monnaies, qui s'est déjà produit, et se reproduira certainement.

Ce qui l'importe, c'est l'écosystème qui gravite autour davantage que les cours. Le pic d'attractivité des crypto-monnaies fin 2017 a apporté un grand nombre de cerveaux et de talents qui se penchent sur la technologie et comment l'utiliser pour apporter de la valeur au monde.

Ce sont ceux qui supportent la technologie (les développeurs et entrepreneurs) qui portent le marché.

L'écosystème se nettoie naturellement des autres profils d'investisseurs. C'est ce qu'on appelle l'auto-régulation.


Cette série d'événements plongent Ethereum et son token ETH dans une mauvaise passe, potentiellement amenée à durer. De là à parler d'un shitcoin comme on peut le voir naître de plus en plus sur les réseaux sociaux, il n'y a qu'un pas réalisé par ceux qui propagent le FUD, et les moutons.