
Qu'on se le dise : Paul Krugman pèse dans le monde des affaires. Éminent professeur d'Économie à l'Université de New-York, il est aussi éditorialiste pour le New-York Times. En d'autres termes, il a de l'influence.
Il a aussi et surtout été élu prix nobel d'économie en 2008. Il est donc plutôt respecté dans le milieu.
Mais Paul Krugman est ce qu'on appelle un crypto-sceptique : cela fait plusieurs années qu'il s'égosille afin de faire savoir au monde entier à quel point le bitcoin est une bulle.
Soit. En 2013, il déclarait que le Bitcoin est le diable.
Plus récemment, au début de cette année, il expliquait dans un édito détaillé que le Bitcoin est une bulle qui éclatera dans la douleur. Il comparait alors le Bitcoin au billet de 100 dollars : "les commerçants ne l'accepte que très rarement, mais les dealers de drogue et les évadés fiscaux l'adorent". On peut constater que le discours n'a pas beaucoup évolué entre 2013 et aujourd'hui.
Enfin, il faut savoir que Paul Krugman considère le Bitcoin comme une bulle encore bien plus évidente que ne l'a été celle des subprimes (à l'origine de la crise financière mondiale de 2008).
Si on vous parle de Paul Krugman aujourd'hui, c'est qu'il est revenu dans une colonne parue dans le New-York times sur sa vision du Bitcoin.
Dans cette colonne, il explique que le bitcoin est trop cher à créer, que les transactions rencontrent de nombreux problèmes, et que le coût des affaires liées au Bitcoin est trop élevé. Il explique aussi que l'argent traditionnel remplit quand à lui ces fonctions à merveille.
"Avec le dollar, les coûts de transaction sont bas. Utiliser un compte bancaire veut dire faire confiance à une banque, mais on peut faire confiance aux grandes banques, bien plus qu'aux entreprises qui détiennent des tokens de crypto-monnaies", poursuit-il.
Nous voilà face à un personnage à qui la décentralisation ne parle donc pas du tout.
Il termine sa colonne en posant une question à ses opposants : "Si vous voulez me prouver que j'ai tort, répondez simplement à cette question : quel problème la crypto-monnaie résout ? Et ne vous contentez pas de nous ressortir votre blabla technologique et libéral incompréhensible".
Paul Krugman n'en est pas à son coup d'essai en termes de prédiction. En 2005, il déclarait que l'effet d'Internet sur l'économie ne serait pas plus gros que celui du fax. Une sorte de visionnaire, donc.
On a décidé de lui répondre.
Le premier problème que la crypto-monnaie résout est le plus évident : la désintermédiation du système financier, donc la fin des banques, et donc tout ce que cela implique : liberté et autonomie financière de l'individu avant tout.
Mais comme "tuer le père" ne semble pas une option pour Mr Krugman (il a balayé le sujet d'une main en disant qu'on pouvait faire confiance aux banques les yeux fermés), nous ne nous attarderons même pas sur ce point (qui est pourtant le plus évident, mais pas à la portée de tous apparement).
On préfère encore aborder le sujet en répondant directement à ses arguments sur le coût d'une transaction et les problèmes rencontrés lors de ces dernières.
Du coup, d'un point de vue utilisateur et d'un point de vue purement pratique, le premier problème que le Bitcoin résout est celui des transferts d'argent, que ce soit en termes de temps, de volume ou de coût.
Prenons le cas de Bob. Bob est expatrié. Il veut réaliser un transfert de 10'000€ depuis sa banque Crédit Agricole française vers une banque HSBC située à l'étranger.
Voyons voir maintenant comment cela fonctionne avec la crypto.
Je vais m'intéresser maintenant au cas d'Alice. Alice souhaite envoyer 2 BTC d'un portefeuille on-chain à un autre. Vous savez comment cela fonctionne.
Personnellement, mon choix entre les deux services est fait, sur ce simple point, qui est un point parmi tant d'autres.
On s'est intéressé ici uniquement au cas d'un transfert d'argent entre devises. Le marché des transferts d'argent internationaux (je ne parle pas des paiements, mais des transferts d'argent d'une monnaie à une autre) pèse 550 milliards de dollars, et ne cesse d'augmenter au fil des années. Cela à lui seul justifierait bien l'existence du bitcoin et son intérêt s'il n'était utile qu'à cela. Mais non, le Bitcoin permet aussi de réaliser des paiements de biens et services, il sert d'actif financier pour investissement, de valeur refuge en cas de perte de confiance en un marché alternatif; bref, ses utilisations sont nombreuses.
Alors bien sûr, le bitcoin souffre de problèmes, et en premier lieu la question de la scalabilité vient se poser (qui n'a pas réellement été évoqué par Paul Krugman, mais on l'évoque pour lui). En effet, quand les transactions sont trop nombreuses, les frais de transaction s'envolent. La technologie doit encore mûrir, oui, mais cela en fait-il une bulle et un actif sans valeur intrinsèque qui ne résout aucun problème ?
Et nous n'avons pas évoqué des crypto-monnaies plus techniques comme Ethereum, NEO, Cardano, qui remplissent des fonctions pas uniquement monétaire, mais encore bien plus poussées.
Mais je pense que cette réponse à Mr Paul Krugman est suffisante et une bonne base pour une remise en question de sa part. Mais après tout, je ne suis pas prix nobel d'économie bien sûr.