À la fin de mois de juillet, nous vous parlions d'une histoire sombre de scandales et de censure en Chine que la blockchain Ethereum et la décentralisation avaient réussi à contourner.
Aujourd'hui, un influenceur américain, Alex Jones, vient de voir ses comptes Youtube, Facebook, Spotify & Apple fermés sans préavis par ces derniers.
Alex Jones est la figure de proue du conspirationnisme américain. Sur base d'incitation à la haine et de violation de leurs conditions d'utilisation, les plate-formes ont tout simplement fermé ses comptes. Alex Jones s'est fait "dé-plateformé", pour reprendre littéralement l'expression américaine qui a fait grand bruit.
Là où ça grince, c'est que les 4 comptes ont été fermés quasi en même temps, à quelques heures d'intervalles seulement. Ce qui a soulevé un véritable raz-de-marée dans la nébuleuse Twitter et au sein de la communauté d'Alex Jones.
Alors ok : Alex Jones est un conspirationniste, porte les théories du complot dans ses discours, et on ne soutient pas le personnage, mais ce n'est pas la question. Cette histoire pose la question de la censure face à la liberté d'expression dans une démocratie comme les Etats-Unis. Mais également la question du pouvoir centralisé des grandes corporations qui ont un rôle de gouvernance aujourd'hui, comme le sont Apple, Google au travers de Youtube dans cette histoire et Facebook. Et à qui elles répondent.
Toute cette histoire n'est pas à propos d'Alex Jones. En tant que français, en vrai, on s'en fout d'Alex Jones. Personne ne sait qui c'est.
Le problème est qu'à l'origine, internet était censé être une technologie décentralisée, composée d'une multitude de sites internet qui sont en concurrence pour retenir l'attention du lecteur. Du coup, ceux qui veulent suivre Alex Jones le font, et ceux qui ne veulent pas le suivre n'ont pas à le subir.
Chacun fait ce qu'il veut sur Internet, et rien n'est imposé à personne.
Malheureusement, cela ne se passe comme ça. Une poignée de main de grandes corporations comme Facebook ou Google contrôlent Internet. Tout le monde utilise ces plateformes, que ce soit au travers de Facebook et Google eux-mêmes, ou d'autres sites et applications comme Youtube, Instagram, WhatsApp qui sont possédées par ces mêmes entreprises.
Et de plus en plus, ces entreprises se donnent le rôle de dire à chacun ce qu'ils doivent penser et ce sur quoi ils doivent s'informer, et commencent à censurer de plus en plus fréquemment. Récemment, Youtube a fait l'objet de plaintes sur le contrôle qu'il tente d'avoir sur les créateurs de contenu de sa plateforme, quand Facebook réagit aux problèmes des fake news par un nouvel algorithme de propagation des informations qui y sont partagées, qui a fait beaucoup parler de lui. Si l'intention est louable, cela n'en pose pas moins nombre de questions.
Et malheureusement, à l'heure où les géants américain ont montré leur parti-pris, cela n'empêchera pas Alex Jones de continuer à partager son contenu via son site personnel et de partager son discours, renforçant le soutien de sa communauté face à la censure à laquelle il fait face.
Nous sommes donc dans une situation doublement perdante : le but original de cette censure à peine cachée est totalement raté, et nous observateurs, constatons les limites de la centralisation.
Il appartient donc à chacun de se faire son avis sur la situation. Le discours du "je n'ai rien à cacher" ou "je ne dis rien de mal, le problème de la censure ne me concerne pas". Il en va de la liberté individuelle de chacun. Liberté qui sera conservée par les outils qu'offre la décentralisation.